L’épargne populaire et réglementée spoliée par Macron et l’administration économique (Bercy et la Banque de France)
Issue d’un concept vieux de 200 ans, l’épargne réglementée est aujourd’hui utilisée par la quasi-totalité de la population avec des encours de 813 Milliards d’€ fin 2020 dont 429,5 Md€ pour les Livrets A et LDDS (livret de développement durable et solidaire). Le livret d’épargne n’est pas un produit financier comme un autre. Il est populaire par essence et concerne toutes les catégories de revenus, des plus élevés aux plus modestes. Le livret d’épargne est un facteur essentiel de cohésion sociale.
Environ 60% de l’encours du Livret A est centralisé et sécurisé à la Caisse des dépôts (CdC) dans le Fonds d’épargne et investi depuis son origine dans des prêts à long terme (pouvant aller jusqu’à 60 ans) pour financer des besoins d’investissement d’intérêt général (logements sociaux ; collectivités locales ; infrastructures et équipement du territoire, etc..). L’épargne populaire centralisée et protégée par la CdC a financé la construction de près de 70 % du parc de logement sociaux HLM par la voie des prêts de long terme. La part non centralisée à la CdC (40%) conservée par les banques doit être utilisée à 80 % pour financer les PME, 10 % pour financer les projets contribuant la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique, et 5 % pour financer l’économie sociale et solidaire.
Le ministère de l’économie et des finances vient d’annoncer le relèvement de 0,5% à 1 % du taux de rémunération des livrets A et LDDS détenus respectivement par 57 millions et 22 millions de personnes à compter du 1er février 2022, ainsi que le passage à 2,2 % du taux du Livret d’épargne populaire (qui ne concerne que 7 millions de titulaires).
Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, le taux est toujours resté en deçà de l’inflation, à l’exception compréhensible de l’année du déclenchement de la pandémie, entraînant une perte de ce placement d’épargne populaire rémunéré jusqu’en février 2022 à 0,50%. Selon une estimation de la CGT-Caisse des Dépôts, la perte cumulée de pouvoir d’achat de l’épargne réglementée sur les 5 dernières années dépasse les 17,2 milliards d’euros . Macron et l’administration économique organisent ainsi le maintien de la rentabilité négative des livrets. On est bien dans la doctrine néolibérale qui voit l’État intervenir systématiquement en faveur du capital financier bénéficiant d’une fiscalité favorable, rompant avec 200 ans de rémunération positive de l’instrument de placement le plus populaire du pays.
La convergence des services publics a mené une campagne pour dénoncer cette politique de spoliation de l’épargne populaire réglementée. Elle revendique la mise en place rapide d’un Haut Conseil de l’épargne réglementée rassemblant toutes les parties prenantes (et non plus le seul éternel trio Bercy- Banque de France – lobby bancaire), y compris les associations de consommateurs représentatives et les organisations syndicales. Toutes les questions (réglementation, rémunération, finalités d’intérêt général …) touchant à l’épargne réglementée devront pourvoir y être débattues de manière transparente et contradictoire, dans le seul souci de l’intérêt général et avant toute prise de décision des pouvoirs publics. Il s’agit là d’un impératif démocratique.
Retrouvez l’interview de Nicolas Galepides, SUD PTT, membre de Congervence Services Publics