Xavier Bertrand : la promesse d’une accélération néolibérale
Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans ses propositions portées en vue de l’élection présidentielle, Xavier Bertrand n’y va pas avec le dos de la cuillère. A la hache serait plus exact. Augmentation de la durée du temps de travail, report de l’âge de la retraite, exonération de cotisations sociales et d’impôt pour les heures supplémentaires, durcissement de l’assurance chômage, baisse massive des impôts locaux des entreprises, le projet porté par Xavier Bertrand a au moins le mérite d’être particulièrement clair : l’ultralibéralisme décomplexé.
Du flou…
La prime invoquée pour les personnes gagnant moins de 2.000 euros par mois est annoncée comme devant être financée par l’État. Mais les modalités restent bien floues. S’agit-il d’un versement effectué directement sur le compte bancaire des personnes concernées ? D’un allègement de cotisations salariales compensé par l’État auprès de la Sécurité sociale ? D’un versement destiné aux employeurs, charge à eux de le reverser aux personnes concernées ? Personne ne le sait vraiment pour l’heure mais d’ores et déjà, on peut en tirer des enseignements : il ne s’agit pas d’une réelle revalorisation salariale et cette opération devra s’effectuer dans le cadre d’une baisse de la dépense publique.
S’il plaide pour un durcissement de l’assurance chômage et une réforme des retraites, Xavier Bertrand ne dévoile cependant pas toutes ses intentions. Ne voulant pas revenir sur les choix d’Emmanuel Macron, il veut alléger de 35 milliards d’euros les impôts locaux des entreprises (sans préciser s’il tient compte de l’allègement de 20 milliards d’euros déjà engagé par Emmanuel Macron), il confirme la suppression de la taxe d’habitation et plaide pour les allègements de cotisations sociales, tout en déclarant vouloir réduire les déficits publics et rembourser l’intégralité de la dette. S’il ne le dit pas ainsi, il faut cependant être clairs : un tel programme ne pourrait se réaliser qu’un sacrifiant des pans entiers du système de protection sociale et des services publics.
… et des loups.
Xavier Bertrand annonce une « société du travail » particulièrement brutale. Il veut imposer une formation ou un emploi sous peine de voir les indemnités chômage remises en cause. Le temps de travail augmentera mais à revenu horaire constant. Si les résultats des entreprises s’en ressentent, il pourra être envisagé une revalorisation de l’intéressement. L’effet escompté ? Que les salarié.es augmentent leur temps de travail pour tenter de récupérer via l’intéressement ce qu’ils et elles n’auraient pas sous forme de hausse de salaire… La contrepartie dite « sociale » est donc plus que marginale.
Il souhaite également que les heures travaillées au-delà de 35 heures le soient sans impôts et sans charges sociales. Et cela avec une curieuse conception du « principe gagnant-gagnant ». Toutes les entreprises bénéficieraient d’un allègement de cotisations sociales en contrepartie… d’une hausse du temps de travail des salarié.es ! Précisions étant apportée que les salariés pourraient racheter des jours de congés payés ou une partie des RTT. La société du travail de Xavier Bertrand ressemble en réalité à une société du travail forcé.
Tout cela en lieu et place d’une véritable revalorisation des salaires. Tout cela également sans aucune réforme fiscale visant à rechercher une meilleure progressivité du système fiscal. Tout cela, enfin, avec une baisse de l’endettement public, ce qui supposera des coupes drastiques dans les dépenses publiques, c’est-à-dire dans la redistribution sociale et les services publics. Macron a mis en œuvre ce que les partis de droite rêvaient ? Qu’à cela ne tienne, les candidats à l’investiture de LR veulent aller plus loin et plus fort. Xavier Bertrand comme les autres.